La Tranchée des Portes
Qu’est-ce que la tranchée des portes ?
La Tranchée des Portes s’étend sur une superficie de 100 hectares. C’est la plus grande place forte de l’âge du fer en Belgique (il faudrait 200 terrains de football pour couvrir cette étendue). Cet aménagement a nécessité une main d’oeuvre abondante.
La construction et l’entretien du rempart laissent entrevoir une entité sociale bien organisée. Contrairement à Montauban, occupé ponctuellement, la Tranchée des Portes n’est pas un refuge mais un oppidum, c’est-à dire un site fortifié où l’on s’installe sur le long terme avec son bétail et ses cultures.
C’est une fortification qui doit son nom au profond fossé (5 m) qui précède son rempart. Constitué d’une levée de terre de plus de 3 m anciennement surmontée d’une palissade, ce barrage, percé de trois portes, s’étend sur plus d’1km. Ce type de site de défense s’appelle un éperon barré. Il était souvent utilisé à l’époque protohistorique (Age du fer). On choisissait un lieu avec deux ou trois côtés abrupts et quasi infranchissables et on barrait (empêchait) son accès en construisant un mur sur le côté vulnérable avec ce que l’on trouvait sur le site (pierres, arbres, terre).
Qui l'a occupée ?
Elle a été occupée durant deux périodes. À l’âge du fer les Gaulois élèvent le barrage vers le VIe siècle av. J.-C. et occupent la forteresse du Ve- IVe siècles jusqu’au Ier siècle après J.-C. Les fouilles ont révélé des ossements humains et animaux, des silex taillés,
de la céramique ainsi qu’une sépulture à incinération (un bûcher).
La fortification ne semble pas avoir été abandonnée. Son occupation se poursuit sans transition apparente par les Gallo-Romains présents du Ier au IIIe siècle. Durant cette période de paix, le rempart non usité ne nécessita pas de nouveaux aménagements. Les
vestiges retrouvés d’un habitat gallo-romain et de dépendances en bordure du rempart témoignent de l’activité agricole de la population. On a découvert des poteries, des ustensiles domestiques métalliques tels qu’un grill et un soc de charrue, des monnaies et
des bijoux. Situé non loin de la chaussée romaine Reims-Trêves, à proximité du relais d’Etalle, ce lieu devait favoriser la distribution des produits que ses habitants y cultivaient. Il est probable que son occupation cessa à la fin du IIIe siècle devant la menace des invasions germaniques. Ses habitants cherchèrent alors abri dans des refuges semblables à celui de Montauban.
Comment le rempart à-t-il été construit ?
Les fouilles archéologiques entreprises entre 1980 et 1985 ont mis en évidence trois états successifs du rempart gaulois.
PHASE I : le premier rempart avait une hauteur d’environ 2 m pour une largeur de 4 m. Son front était composé de rondins de bois posés horizontalement et retenus par de minces pieux enfoncés dans le sol. La terre extraite lors du creusement du fossé était entassée derrière cette palissade.
PHASE II : afin de renforcer la muraille, une deuxième palissade fut élevée à 2 mètres en avant de la première, portant ainsi sa largeur à 7 m et sa hauteur à 2,50 m. Sa construction était nettement plus solide que la première.
PHASE III : un troisième remaniement porta la largeur du rempart à 15 m pour une hauteur de 3,3 m. Un revêtement extérieur en pierre fut cette fois mis en place pour renforcer une fois de plus la solidité du rempart. Ce parement en pierres sèches était maintenu
par des pieux de bois enfoncés verticalement.